A vrai dire, j'en avais absolument plus rien à faire de cette montre, et je n'avais aucun regret à l'avoir volé non plus. A présent, j'étais juste content d'aider un flic sans sa mission. Ce n'était pas souvent que ça arrivait, puis j'avais l'impression d'être un peu important. Il n'avait pas l'air d'être trop un sale type ! Un peu coincé, certes, mais il ne m'avait pas tué quand je l'avais comparé à un string, donc il y avait encore de l'espoir ! Enfin, moi je gardais espoir pour lui en tout cas. Nous nous mîmes en route joyeusement, et le notre cher flic ne fut pas sans me rappeler qu'il avait bien l'intention de rendre cette montre, en plus il en avait déjà une. Si je n'avais pas été un sale gamin, je serais rester silencieux, mais vu que ce n'était pas le cas, je me permis de commenter d'un air dubitatif.

- Ouais... C'est ce qu'ils disent tous au début...

Mais je n'étais pas sûr que mon interlocuteur l'avait entendu. J'avais parlé assez doucement. J'étais imprudent, mais pas trop quand même. Il ne fallait pas abuser. Dans tout les cas, ça m'allait totalement de ne plus en parler. Cette fois-ci, je me contentai d'un hochement de tête pour montrer que j'avais compris. J'avais bien trop hâte de voir à quoi un filature de suspect pouvait ressemble pour m'attarder sur un truc pareil qu'un petit vol. Après tout, j'étais comme ça, incapable de me fixer trop longtemps sur le même objectif, je passais d'un idée à l'autre plus vite que n'importe qui. Apparemment, c'était dû à mon hyperactivité, je ne pouvais pas rester sans rien faire cinq minutes, que ce soit physiquement, ou mentalement. Il fallait que je m'occupe, sinon j'allais explosé, j'en étais sûr. C'est un peu extrême dit comme ça, je sais. Mais je ne voyais pas d'autre alternatives possible.

- Et vous filer souvent des suspects à Austin ?

Quand je vous dit qu'il fallait que je m'occupe l'esprit ! Roh mais quitte à marcher, autant qu'on se fasse un peu la conversation non ? Ce n'était pas souvent que je pouvais parler aussi librement avec un flic. Même si je n'étais pas sûr d'avoir une réponse, je restais optimiste et de bonne humeur. Finalement ce n'était pas une si mauvaise journée. Quoique, mes journées n'étaient jamais mauvaises, elles étaient juste ponctué de beaucoup de hauts et de bas. Etrangement, je n'arrivais pas à me rappeler une seule de mes journées sans qu'il ne se soit passé un truc exceptionnel. Enfin pas forcément toujours dans le bon sens hein ! Mais en fait, c'était peut-être parce que j'oubliais plus facilement les jours où il ne se passait pas grand chose. A y repenser, c'était sûrement ça... Parce que c'était impossible que ma vie ne soit qu'un compilation d'événements extrêmes. Sinon ce serait pas ma vie, mais un film d'action réalisé par Sylvester Stallone ! Ce qui aurait pu être marrant... mais peut-être un peu trop sanglant à mon goût. Je n'étais pas un fanatique des règles, mais j'étais loin d'être un meurtrier, et heureusement à mon âge !

J'avais bien l'intention d'emmener le flic à l'adresse qu'il m'avait indiquer. Pas forcément pour qu'il m elaisse partir, mais surtotu par curiosité. Puis j'étais un sale gosse, certes, mais j'aimais bien aider les gens quand même. Je sais, c'est paradoxal quand on sait que la plupart des gens que j'aide, c'est soit par obligation, soit après ou juste avant de leur avoir volé quelque chose. Mais ce n'était pas drôle, ce flic n'avait quasiment rien sur lui. Puis je n'allais pas lui voler son arme, je n'étais pas fou à ce point. Pendant que nous marchions en ville, je réfléchissais à ce qui allait bien pouvoir se passer une fois arrivé à la fameuse adresse. Je m'étais déjà fait tout un film digne de mission impossible dans la tête. Et alors que nous passions devant une épicerie, la tête ailleurs, je pris une pomme sur l'étalage. C'était littéralement du vol à l'étalage. Je m'apprêtais d'ailleurs à croquer dans cette pomme que l'épicier n'avait pas du voir disparaître et... Et j'arrêtais mon geste en me souvenant que je n'étais pas seul. Je regardais la pomme et soupirait, avant de la reposer là ou je l'avais trouvé. Je vous jure, c'est plus fort que moi, je vol comme je respire !

- Désolé, un réflexe... Promis, je vais faire attention.

Je n'avais pas franchement envie que le flic trouve d'autre raison de m'accuser. Même si je pouvais toujours m'enfuir et le planter là... Vu qu'il ne connaissait pas la ville, je savais maintenant que je pourrais le semer pas trop difficilement. Ou tout du moins, je pensait. Il m'avait déjà rattrapé une fois, dans mon esprit c'était impossible qu'il réussisse deux fois. Mais de toute façon, je n'allais pas tenter la chance tout de suite, vu que j'avais essayer de jouer les enfants honnêtes en reposant la pomme. Ce flic devait vraiment me haïr...

- Mais si ça peut vous rassurer, on est presque arrivé, c'est juste dans la rue là-bas...

Je pointais une destination du doigt, mais je savais que c'était inutile. Il y avait tellement de rue, que lez flic ne pouvait pas savoir laquelle je pointais en particulier. Mais il n'allait pas tarder à le découvrir. Si mes calcul étaient bon, il nous suffirait d'une minute à peine pour y arrivé. Et dieu sait que j'étais bon pour ce genre de calcul. Mes amis aimaient bien me surnommer "GPS de poche", parce que j'avais un sens de l'orientation vraiment extra. Et c'était super pratique, je l'avoue. Du coup, quand on faisait des sorties, c'était toujours moi qui guidait mes potes. Puis un jour, il y en avait même un qui avait appeler chez ma famille d'accueil pour qu'ils me passent le téléphone et que je lui indique le chemin qu'il devait prendre. Ca avait été assez marrant, bien que compliqué, je l'avoue.

Spoiler:

Dewei essayait d'oublier cette histoire de montre, mais l'objet continuait de peser sur sa conscience comme une mise en garde, un indice sur le fait que toute cette histoire était une erreur. À cause d'une rancune toujours aussi tenace malgré les années, il venait de faire une entorse à ces principes. Au fond, il savait qu'il y avait peu de chance de ramener cette montre à son propriétaire. Même si l'occasion se présentait, cela soulèverait trop de questions. Il continuait tout de même de le penser avec toute la détermination qui le caractérisait, étouffant l'évidence. Le commentaire du voleur sur le fait que 'c'est ce qu'ils disent tout au début' le piqua au vif. Pour le bien de cette collaboration forcée, il préférait ne rien dire bien que le bref regard qu'il lança à Sidney après cette réplique en disait long. Surtout, ne pas montrer que son interlocuteur avait visé juste. C'était justement ce que le policier jusqu'à présent exemplaire qu'il était craignait, avoir fait un pas qui allait forcément en entraîner un autre dans les méthodes douteuses.

À la place d'une réplique cinglante, l'Asiatique préféra déclarer ne plus vouloir en parler. C'est clair que si on remuait trop le couteau dans la plaie, il serait capable de changer d'avis et de revenir à son premier plan de conduire le gosse à ces confrères. Même l'obstination avait des limites. Le policier étouffa un énième soupir exaspéré. Il espérait vraiment que tout çà en valait la peine. Si jamais sa piste était encore un faux espoir... Non, çà devait aboutir sur quelque chose d'exploitable. Pourquoi un gars du Texas viendrait jusqu'à ChinaTown pour prendre des cours de Kungfu ? Çà n'avait aucun sens ! Il devait forcément y avoir quelque chose, son instinct le lui soufflait.

L'Asiatique se détendit légèrement lorsque Sidney se contenta de hocher la tête sur cette dernière remarque. Légèrement, car il restait sur ces gardes. Il n'écartait pas totalement l'idée que le voleur qui lui servait de guide pouvait se payer sa tête à tout instant. Cette pensée se sentait à la manière dont il regardait le décor alors qu'il suivait le jeune voleur, comme s'il s'attendait à tomber dans un traquenard à tout instant.

"Si c'était le cas, je connaîtrais un peu mieux la ville et n'aurait pas besoin de ton aide." Déclara-t-il lorsque son guide brisa à nouveau le silence pour lui demander si çà lui arrivait souvent de filer des suspects à Austin.

Il avait préféré être le plus bref possible pour ne pas trahir le fait que sa présence aussi loin de sa juridiction n'était pas vraiment officielle. Dewei préférait essayer de retenir des repères pour retrouver son chemin au cas où Sidney déciderait de lui faucher compagnie plutôt que d'essayer d'entretenir la conversation. Hélas, il semblerait que son guide soit du genre bavard. En plus, cela pourrait se retourner contre lui s'il continuait d'être aussi cassant et bref dans ces réponses. D'un autre côté, devait-il vraiment avouer à voix haute qu'il n'était là qu'à cause d'une intuition ? Le flic craignait qu'en avouant ce fait, sa motivation tombe comme un château de cartes.

"Te fais pas trop de films , gamins. C'est juste une vérification d'adresse, pour l'instant, rien d'excitant." Expliqua-t-il sommairement. Après tout, il n'avait pris qu'un jour de congé.

Indirectement, ce détail releva un autre point qu'il redoutait d'aborder. Et après ? Voilà à quoi çà le menait de suivre son instinct sans concevoir de plan. Peut-être qu'il aurait dû prendre plusieurs jours et rester dans le coin pour filer un peu son suspect, établir ces habitudes. Combien de temps avait-il ? Il pourrait sans doute le surveiller quelques heures. Était-ce suffisant pour revenir avec une preuve ? Parfois, un seul coup de chance pouvait suffire.

Dewei fut tiré de ces pensées lorsqu'il vit son guide fauché une pomme sur l'étalage. Il fut choqué de l'aisance du voleur, comme si ce geste était quotidien. La surprise passée, le policier faillit faire une remarque... Quand Sidney sembla réaliser son erreur de lui-même en reposant la pomme avec un soupir. Sans réfléchir, l'Asiatique flanqua une petite tape sur l'arrière de la tête à son guide. "Désolé, réflexe." Ironisa-t-il à son tour. 0]]"J'ai un petit frère d'à peu près ton âge, lui aussi, il aime faire des bêtises."[/b] Avoua-t-il ensuite avec une pointe d'agacement avant de mettre les choses au clair. "T'imagine pas que je serais plus clément avec toi à cause de çà."

Merde, dans quoi s'était-il fourrer ? Tout lui criait de lâcher l'affaire et pourtant, il s'y refusait. Sidney lui indiqua une rue. Dewei regarda dans la direction pointée du doigt en fronçant les sourcils. Toutes les rues se ressemblaient pour lui. "Je te crois sur parole." Dit-il sur un ton peu convaincu. Il donna une petite tape sur l'épaule de son guide pour l'inciter à avancer. "En route... Si on y est presque. Je te préviens, si c'est un piège..." Il laissa la fin de sa phrase en suspens, mais le ton sérieux complétait très bien les blancs.