Alaska s’était montrée peut-être un peu trop entreprenante avec une personne qu’elle ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam… Dans une situation normale, elle ne sait si elle aurait réagis de cette façon aussi irraisonnée. Après tout, elle ne savait rien de lui, juste qu’il avait l’air presque aussi « humain » qu’elle. En tout cas, il n’avait pas essayé de la tuer. Pour l’instant… Faudrait que je lui pose la question mais… il fallait préciser qu’ils manquaient peut-être un peu de temps et que parler pouvaient leur couter la vie. Tout ce qu’elle savait c’est qu’elle ne pouvait pas trop faire autrement que lui faire confiance, surtout maintenant, alors qu’elle l’avait violemment plaqué contre la roche avant d’entamer une quête vers l’inconnu dans le bras froid et sombre de la grotte. Jusqu’à maintenant, il ne s’était pas montré trop agressif, ni même contraignant et s’était laissé faire. Alors rester avec le jeune-homme ou l’homme – elle ne savait pas trop – était une question de survie. Au pire, il me servira d’appâts… Ou de diversion mais dans le fond, elle n’aurait pas eu la force de le faire, quoique Lyllian lui apprenait le détachement. Son regard devait faire écho au pensée de Dillon qui avait l’air à bout de nerfs d’être trimballé de la sorte. Il n’avait qu’à lui répondre aussi. Si on ne disait rien au caractère de feu d’Alaska, elle continuait. A son grand bonheur, l’étranger jeta son téléphone après avoir balancé autre chose. Alaska avait suivit le premier objet du regard un instant sceptique et se focalisa sur le corps loin d’être efflanqué de son partenaire qui fouillait encore ses poches. « Tu vas y arriver oui ? T’en a encore combien comme ça ? » avait-elle marmonné en relâchant doucement la prise, se rendant compte qu’elle lui écrasait le bras presque sur la gorge. Il l’écoutait, elle pouvait bien baisser sa garde.

Le téléphone et autre chose de débarrasser, l’homme prit les devants. Il ouvrit la marche et Alaska le suivait de près, une main agrippée à son bras. Une main qui se voulait aussi détachée que la mentalité qu’elle voulait adopté, mais pourtant ses ongles s’enfonçaient légèrement à travers la veste du mortel. Sa main droite serrait toujours sa lance avec plus de peur que d’assurance. Sa vision continuait de s’habituer et au fond de ce corridor un peu étroit pour des cyclopes mais spacieux pour les deux humanoïdes et le reste le fut plus encore. Alaska avait observé la silhouette qui prenait son temps pour progresser, comme s’il prenait le temps de visiter et regarder. On sait jamais s’il y avait des dessins préhistorique, ou le portrait de la dernière femme d’un des cyclopes à leur dernier banquet.

Soudain la grotte s’éleva et s’ouvrit dans une énorme cavité bien moins sombre que le reste. Alaska hésita un moment avant d’entrée, prenant le temps d’observer le tout globalement en levant la tête. Elle avait fixé l’ouverture située en hauteur en même temps que le jeune homme. C’est alors que ce dernier finit par laisser son regard glisser sur elle, avant de le jeter plus long dans le couloir derrière elle. Alaska avait croisé le sien et elle écarquilla les yeux. Elle ne s’attendait vraiment pas à ça. Elle avait même fait l’hypothèse que c’était peut-être une fille, style fille d’Arès. Pas le temps d’en lorgner un peu plus, qu’un bruit étrange attira son attention. A la vue d’un jeune homme ligoté au-dessus d’une marmite, Alaska se plaqua les deux mains sur les visages et les laissa glisser tout le long avec exaspération. Ils avaient vraiment besoin de ça en plus. Puis elle réalisa que cette partie du nid n’était pas la plus rassurante sur leur avenir sûrement proche. La voix de l’agent la fit sursauter, elle s’était tellement habituée au silence qu’elle avait oublié qu’il avait la capacité de la parole. Enfin surtout lui qui n’avait pas dit un mot. Il était fin observateur. C’était déjà ça de gagné, car jusqu’à maintenant, il n’avait pas vraiment servi à grand chose. Elle opina du chef, puis se repassa les mastodontes en tête. Elle croisa les bras. Ses sourcils se froncèrent sur sa bouille et elle répliqua en chuchotant sèchement : « Bien sûr. Les deux dans la grotte et le troisième qu’es sorti dehors alors que t’as fais toi aussi la connerie d’entrer. Tu sais pas compter en plus… » finalement, il continuait de servir à rien celui là ! Il est mignon mais un peu con. Elle reprit en portant son attention sur le pauvre jeune-homme en panique qui les regardait dans l’espoir de parler avec ses yeux. « Et tu crois pas que je pue assez comme ça. J’ai assuré mes arrières ! … Pardon ? réalisa t-elle soudain. Et pourquoi tu n’aurais pas à passer inaperçu aussi ? » avait-elle finit en remontant légèrement sa lance en position de combat, rabattant le fourreau. Fourreau en aluminium.  

C’est une chèvre qui lui rappela alors, ainsi que un tremblement lointain qu’elle avait beaucoup plus gros et urgent à régler. Quoique de frapper sur quelqu’un là maintenant lui aurait fait un bien fou. Alaska suivit alors l’agent qui l’invitait à le suivre par un simple regard. Ce qu’elle fit quand le ligoté se mit à gémir en les voyant partir. La jeune-fille se s’arrêta. Ah merde, je l’avais déjà oublié. Mince. Je suis vraiment pas le meilleur des soutiens. Bon on fait comment ? et comme s'il avait lu dans ses pensées – ce qui n’était pas difficile vu la situation et le pauvre sang-mêlé en plein désespoir – elle put voir les deux jeunes hommes s’échanger des messages subliminaux par le regard. Ce fut son tour de le suivre et il n’avait pas eu besoin de la malmener contrairement à elle avec lui. Alaska restait derrière Dillon qui décida alors de continuer sa route et sûrement voir plus tard pour l’autre sang-mêlé prévu au festin de ce soir. En parlant de soir, la jeune-fille se fit la réflexion qu’il serait judicieux de sortir avant qu’il ne fasse nuit. Ils avaient déjà la chance d’y voir quelque chose grâce à la lumière extérieur. Puis elle rattrapa la silhouette qui s’enfonçait toujours un peu plus. Sa nouvelle réflexion en cet instant était qu’ils n’auraient peut-être pas l’occasion de revenir le sauver. La demoiselle se mordit la lèvre, hésitante la mains prête à attraper son épaule pour l’arrêter.

Elle ne pouvait résolument pas avoir ça sur la conscience. Le jeune homme fut alors maintenue par la main de la fille de Venus. Sa tête se secoua vivement : « Et si il se fait bouffer ? Et si on ne peut pas revenir ? Faut le détacher maintenant. A trois en plus, on servira sûrement à quelque chose… » lui chuchota t-elle d’une traite. Puis il y eut soudainement un nouveau tremblement, plus soudain et proche. Alaska se figea attrapant le bras avec force et peur de son accolyte. Ca l’avait aidé à ne pas gémir de peur. Elle hochant vivement en regardant le jeune homme, un peu peu paniquée. Un regard qui voulait dire : « c’est le troisième c’est ça ? ». Puis par automatisme, elle poussa Dillon vers l’avant, là où ce dernier voulait aller. « Va vérifier » murmura t-elle vraiment du bout des lèvres.

Alaska avait le regard dur alors qu’elle parlait de sauver l’autre jeune-homme maintenant. Elle n’avait vraiment pas le coeur à le laisser derrière sans s’en mordre les doigts de culpabilité s’il lui arrivait quelque chose. Sa détresse était si grande qu’elle s’était mis à sa place par une empathie humaine. Dillon lui expliqua avec une confiance déconcertante qu’ils devaient réfléchir avant. La demoiselle leva un sourcil au sarcasme de son discours, vexée. « Ca te ferais trop plaisir… » avait-elle seulement sifflé avec une grimace mauvaise. Soudain, elle avait entendu un bruit qui signifiait qu’ils étaient peut-être encore en plus mauvaise situation qu’ils ne l’imaginaient. Un petit peu de frayeur à en broyer le bras de Dillon, elle le jeta presque dans la gueule du loup pour qu’il lui dise ce qu’il en était. Elle en avait marre et n’avait qu’une envie : retourner à la Colonie et être tranquille. Elle ne voulait vraiment pas mourir pour un joint. Le jeune homme se sacrifia donc pour aller voir. Et j’y étais pour rien. Promis, j’ai pas utilisé mes dons. Peut-être que si je suis vivante, je le remercierai. Ce sera pas difficile… pensait-elle alors qu’elle lorgnait sur le peu qu’elle voyait du jeune-homme qui s’éloignait d’un pas prudent.

Le bouclés revint près d’elle pour lui faire des dessins qu’elle compris très rapidement. Cela ressemblait un peu aux schémas de jeu qu’elle voyait à ses entrainements de hockey. Opinant du chef, elle finit par réaliser qu’il y en avait trois. Elle leva haut les sourcils comme frappé par le desespoir. Elle lui demanda de confirmer en lui montrant trois doigts. Cette grotte était un vrai labyrinthe, mais la présence des trois indiquait qu’il y avait bien d’autre sortie. Ou alors, ils n’avaient vraiment pas de chance et les cyclopes avaient finis par déplacer le rocher sachant la ripaille qui s’était aventurée au fond de leur logis.

Soudain, elle sentit que ça allait être le moment d’entrer dans l’action. Dillon lui échangea un regard, l’obligeant à prendre une profonde inspiration pour être prête à se lancer et devoir réfléchir plus vite qu’à un entrainement. Ne pas perdre le palet des yeux. C’est alors que rien ne se passa comme elle l’avait prévu et s’était préparée. Le téléphone sonna, manquant presque de lui arracher encore un cri de peur. Elle faisait preuve d’un sacré self-control et elle n’en était pas peu fière. Les poings serrés contres son coeur, elle tremblait légèrement comme prise de sanglot. Elle avait simplement peur, les tremblements qui secouait le sol sous ses pieds ne faisait qu’augmenter son angoisse et son stress. Lorsque les deux masses s’éloignèrent elle se toucha le visage et le corps pour constater qu’elle était toujours vivante. Un soupir silencieux de soulagement elle chercha son partenaire du regard. Lui aussi était entier. Ouf… Un bruit affreux s’échappa alors du couloir récemment emprunté. Cela lui glaça le sang et elle eut un petit sursaut.

L’autre cyclope se retourna et elle agita vivement les bras en pleine panique. Elle lui fit signe que « non » avec le doigt et un mouvement de tête. Elle le montra lui et ensuite la marmite, puis elle et désigna sa place. Il est fou ou quoi ! C’est moi qui vais surveiller l’autre mima t-elle qu’elle veillait sur le troisième mastodonte dans le dos de Dillon. Comme ça je suis aux premières loges pour savoir quand courir et se cacher. Puis de nous deux, j’étais la seule qui avait une arme en bronze céleste. Du moins s’il avait une arme, il n’avait encore rien montré. La priorité me revenait. Puis, je saurais faire diversion, enfin je crois. J’espère que j’en aurais pas besoin. Elle poussa gentiment mais fermement Dillon pour le dégager du passage et qu’elle se faufile pour mieux voir le troisième cyclope. Trainant sa lance sur le sol et toujours accroupis contre la pierre humide et coupante, elle observait le cyclope.

Elle se retourna et lui fit signe que la voie était libre. Dans le même mouvement, elle leva la tête et suivait la ligne de la voute. Il y avait une arrête de roche en hauteur sur laquelle elle pouvait tenir. Elle tapa la pierre et lorsqu’elle trouva des prises, elle s’élança dans un peu d’escalade, la lance dans le dos. Sans un bruit, souple et quelque peu agile, elle arriva sur le perchoir. Elle avait une vue superbe sur la moitié de cette nouvelle cavité qu’il venait de découvrir. Puis elle reporta son attention sur son partenaire de galère et pensait à retourner sur le cyclope.

Alaska avait plutôt réfléchi avec son instinct de survie. Puis le jeune-homme avait l’air d’être serviable et prêt à aider son prochain. Elle en avait alors profiter pour peut-être prendre la place la plus sûre entre les deux choix qu’offrait les plans possibles. La demoiselle s’était mise à escalader la roche dont les arrêtes humides brillaient grâce à la petite ouverture haut dans le dôme de la grotte. Son ascension fut longue, mais silencieuse et le plus précis possible pour économiser ses forces. Dillon l’avait suivit dans son escalade, mais prit une autre direction. Alaska l’observa en se trouvant une place convenable sur le plateau qui s’élevait contre une des voutes de la cavité. Elle avait posé délicatement sa cross à côté d’elle et cola son dos contre la paroi rocheuse, et penchait la tête de temps en temps pour veiller sur le cyclope encore trop proche d’eux. Elle aussi pensait parfois aux deux autres qui n’allait vraiment pas tarder à revenir. L’heure du festin devait approcher grandement. Puis son entrée dans la grotte n’avait sûrement qu’attiser leur appétit.

Le cyclope s’était approché, faisait bêler les pauvres bête. Il avait attrapé un mouton et l’écartela par la simple force de ses mains. L’animal n’eut même pas le temps d’hurler. Alaska avait regretté d’avoir observer et retint un haut le coeur, la main sur la bouche. Elle préféra alors se retourner et porta son attention sur Dillon. Ce dernier se dépatouillait comme il le pouvait avec une cuillère qui devait presque faire sa taille. Malheureusement, ce qui paraissait être une bonne idée tomba dans la marmite. Alaska s’en était mordu le poing déjà apeuré par le bruit et les pas des cyclopes qui viendraient les démembrer comme ce pauvre mouton. Le jeune-homme la regarda et elle se retourna pour regarder. Le cyclope préparait les morceaux. Elle lui affirma que c’était calme de son côté aussi. Sans perdre de temps, elle le vit s’activer pour un autre plan. Il ne manquait pas de ressource et elle l’admirait ce qui la rassura un peu, se voyant déjà morte bêtement dans cette grotte. Après quelques tours d’équilibriste et un savoir faire qui était un peu trop impressionnant aux yeux d’Alaska, il avait réussi à hissé l’autre demi-dieu. La demoiselle ne manquerait pas à lui poser deux trois questions s’ils s’en sortent vivants. Mais n’empêche, il est canon quand il fait ça…

Soudain, il fallut que ça lui prenne maintenant. Les moutons qui soulevait le foin quelques mètres plus bas avait fini par lui chatouiller le nez. Elle agita les bras en pleine panique, puis se pinça si fort le nez que la douleur lui permit de passer à autre chose. Son corps traduisait encore un soulagement silencieux. Il leur restait un peu de temps. Alaska surveilla alors le cyclope, tournant parfois rapidement la tête en espérant que les deux gus allaient se dépêcher de descendre. La peau du mouton gisait déjà sur une bûche en bois et les viscères dégoulinaient au pied. Tout en sifflotant le cyclope arrachait les membres et la viande, retirant les morceaux d’os très grossièrement de ses énormes paluches. « Ce sera parfait pour le bouillon » se mit-il à chantonner. Alaska écarquilla les yeux et se tourna vers Dillon pour lui faire signe de se dépêcher. « Et si j’en mettais deux... » bougonna le monstre en se caressant son double menton brillant de sueur. Alaska hochait vivement la tête comme si elle pouvait contrôler la pensée du mastodonte. Ses prières étaient pour qu’il en prenne un deuxième. Ca relèverait encore plus le gout, avait-elle envie de lui dire.

Dès qu’ils seraient sur la terre ferme, elle les rejoindrait le plus rapidement possible. Attrapant son arme, elle s’y préparait déjà.